L’obsession est un trait de caractère que l’on retrouve chez beaucoup de personnages de David Fincher. Que ce soit David Mills de Seven ou Holden Ford de Mindhunter, les antihéros du cinéaste sont souvent poussés par cette pulsion irrésistible de résoudre une enquête, attraper un tueur ou regarder droit dans les yeux les démons de l’humanité. Un moteur qui sert souvent à pousser l’intrigue, mais dans lequel les personnages finissent souvent par se consumer.
Dans Zodiac, l’obsession de Robert Graysmith démarre au moment où ses yeux se posent la lettre d’un célèbre tueur en série. Un casse-tête codé que le protagoniste interprété par Jake Gyllenhaal reçoit à la rédaction du San Francisco Chronicle, où il travaille en tant que dessinateur de presse. Il se lance alors dans une quête officieuse et désespérée accompagnée du journaliste Paul Avery (Robert Downey Jr) en parallèle de l’investigation officielle de l’inspecteur David Toschi (Mark Ruffalo). Sorti en 2007, Zodiac est une pépite de septième art baignée de toute la rigueur de David Fincher, qui capture les destins croisés de ces trois hommes en quête d’une chimère. Tout au long du film, on découvre la montée en puissance presque irrationnelle du personnage de Robert Graysmith, une figure au départ endormie qui s’éveille au son d’une impossible traque. Graysmith n’a pas les moyens de la police ni sa force de frappe, mais il porte en lui cette détermination obsessionnelle qui en fait le parfait antihéros de David Fincher.
Cette obsession trouve d’ailleurs son point culminant lors d’une des meilleures scènes du film, où la curiosité irrésistible de Graysmith manque de tourner à l’horreur absolue lorsqu’il pénètre dans l’une des seules caves de la région de Los Angeles… Un instant suffoquant qui profite de toute la vulnérabilité de Jake Gyllenhaal, qui l’espace d’un instant pense son personnage piégé entre les griffes du Zodiaque. Dans une interview avec Ringer le véritable Robert Graysmith (dont le livre a servi de modèle à l’adaptation de Fincher) racontait avoir vécu l’un des moments les plus terrifiants de sa vie. Dans une célèbre citation, le romancier James Ellroy (à qui on doit le Dahlia Noir et L.A Confidential) soulignait la force du Zodiac de Fincher « un film sur des hommes, ainsi que leurs obsessions qui font dérailler leur vie ».
Malgré toute l’admiration qu’il porte au classique de Fincher, Ellroy n’avait pas manqué de massacrer la performance de ses trois acteurs principaux, qu’il avait qualifiée de « pitoyable ». On se souvient que la relation entre Fincher et Gyllenhaal sur le tournage de Zodiac était loin d’être facile. Comme certains de ses personnages, David Fincher est lui-même une créature d’obsession. Un bourreau de travail qui n’hésitait pas à frôler la barre des 100 prises sur l’intro de Social Network. Sur Zodiac, certaines scènes ont avoisiné la barre des 70 prises, ce qui avait valu à Jake Gyllenhaal de dire du réalisateur qu’il est un peintre qui « peint avec les gens » et que « c’est parfois difficile d’être une couleur ». Dans une interview avec le New York Times, le cinéaste expliquait qu’en 2007, Gyllenhaal était encore préoccupé par le tournage du film Jarhead de Sam Mendes. « Beaucoup de gens ont commencé à lui dire que Jarhead allait être un film énorme qui allait le propulser dans une nouvelle ligue. Tous les week-ends, il était traîné au Santa Barbara Film Festival, puis au Palm Spring Film Festival, puis au Catalina Film Festival. Et lorsqu’il revenait sur le plateau, il était éparpillé ».
Si Fincher n’est pas du genre à mâcher ses mots, la performance de Gyllenhaal dans Zodiac est peut-être une des meilleures de sa carrière, bien que le film se soit salement fait ignorer aux Oscars. Remettons les choses dans leur contexte. Nous sommes en 2007, et Jake Gyllenhaal (qui n’avait que 25 ans au moment du tournage) venait d’être propulsé par son rôle aux côtés de Heath Ledger dans Brokeback Mountain. Face à la caméra de Fincher, l’acteur renoue néanmoins avec le magnétisme qui fait la singularité du tout début de carrière de Jake Gyllenhaal. On parle de cette étrangeté dans le regard qu’il porte depuis Donnie Darko, et qui fait de l’acteur un choix parfait dans le rôle de ce dessinateur de presse qui se laisse entraîner par ses propres démons, pris dans la traque d’un tueur qui le dépasse totalement. Un trait de caractère qui fait d’ailleurs écho à un autre antihéros de Fincher : le personnage de Holden Ford, agent du FBI superbement joué par Jonathan Groff dans la série Mindhunter.
Aussi dure puisse-elle parraître à l’égard des acteurs, l’analyse de James Ellroy souligne néanmoins un point qui nous a totalement marqués dans Zodiac, et plus particulièrement sa manière de montrer ce qu’Ellroy appelle « la banalité de l’obsession ». Le personnage de Graysmith parvient à insérer le quotidien dans son comportement obsessionnel, qui va devenir sa nouvelle normalité pendant plus de 10 ans (ce qui coûtera d’ailleurs au vrai Graysmith son mariage). Les stigmates physiques que l’on peut lire sur le visage de Gyllenhaal embrassent parfaitement cette idée d’usure. Vers la fin du film, ses cernes sont presque aussi profondes que celles d’Edward Norton dans Fight Club. Sans aller jusqu’à en faire une nouvelle victime, le film de Fincher frôle l’idée de présenter Robert Graysmith pour ce qu’il est aussi : un dommage collatéral du Zodiaque.
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