Traumatisme mental, traumatisme physique, traumatisme philosophique, Old Boy est un train à grande vitesse qui avance sur un chemin de fer hasardeux, enchaînant les sillons, entre quelques lignes droites bien amenées, censées relâcher la pression. Et pourtant, si le choix est cornélien, il y a bien une séquence en particulier qui reste gravée dans les mémoires, à juste titre.
En 1987, Technos Japan lâche dans la nature Double Dragon, premier véritable Beat’Em All digne de ce nom qui fait la fortune des salles d’arcade et bien entendu de la NES. Seul ou à deux, le principe est simple — de la 2D qui scrolle de droite à gauche ou de gauche à droite et des ennemis qui arrivent à foison. L’objectif est tout aussi simple : distribuer des grosses mandales, casser des mâchoires, des cubitus, désarmer, encaisser les coups, se relever pour mieux savater la nouvelle menace qui osera se mettre en travers de votre chemin. Dans le même état d’esprit, en 1991, c’est Streets of Rage qui sublime le genre sur Mega Drive, laissant derrière lui une génération pleine d’étoiles dans les yeux à l’idée de saisir une barre de fer pour l’enfoncer dans de multiples boîtes crâniennes. Un principe qui inspirera le réalisateur Park Chan-Wook pour l’une de ses plus grandes séquences au cinéma.
Dans ses deux premiers actes, Old Boy est une histoire de vengeance. Enfermé pour des raisons inconnues pendant 15 ans, accusé du meurtre de sa femme, Oh Dae-su est animé par un désir de vengeance qui l’amènera à retrouver les auteurs de cette manigance. Lorsqu’il parvient à retrouver les lieux de sa captivité et après une séquence de torture qui annonce rapidement la couleur, Dae-su est prisonnier d’une vingtaine d’ennemis. Le plan séquence démarre, la caméra avance en scrolling de gauche à droite. Armé d’un simple marteau, le vengeur distribue les coups, avance dans le corridor, frappe à gauche, à droite, les ennemis tombent au sol comme des mouches, sans que l’attroupement ne semble diminuer. La caméra s’arrête le temps de quelques secondes, puis repart vers la gauche pour repousser une horde d’ennemis. Les bouts de bois volent en éclats, le dos de Dae-su accueille une lame, il tombe à terre, ses antagonistes lui tombent dessus, laissant peu d’espoir à sa survie. C’est grotesque comme la séquence mal montée d’un manga bas de gamme, puissant comme un beat’em all qui vous inciterait à ne jamais lâcher l’affaire.
// DOUBLE DRAGON AU CINÉMA
L’anti-héros se relève alors, le scrolling reprend vers la droite, l’objectif au niveau. Les ennemis sont de moins en moins nombreux, mais les plus courageux continuent à recevoir une leçon de vie : peu importe le nombre, peu importe la force, la puissance de la vengeance dépasse l’endorphine et l’adrénaline. 3 minutes plus tard, le plan séquence s’achève, laissant une tonne de corps inconscients tout au long du corridor. Ce qu’il a surtout d’intéressant, en plus d’être une séquence impressionnante, c’est qu’il est tout simplement impossible de ne pas y voir l’influence même du beat’em all, ce même genre de jeux pour lesquels des gamins dépensaient leur argent de poche en salle d’arcade. Un scrolling, des ennemis, des armes, un objectif : il ne manque plus qu’une barre de vie et un poulet à ramasser pour que le clin d’œil devienne grossier.
Naturellement, le plan séquence a de particulier qu’il est considéré par de nombreux théoriciens comme l’essence même du cinéma, sa spécificité qu’aucun autre média ne peut reproduire, de la même manière que l’interactivité d’un jeu vidéo en fait son exclusivité, ou que l’écriture d’une œuvre littéraire ne peut être reproduite ailleurs. Dans ce plan séquence, les chorégraphies sont loin d’être impressionnantes, et c’est exactement ce qui renforce le réalisme de la scène. L’énergie et la force de volonté dégagées par Dae-su renforce l’empathie envers un personnage dont on ne sait rien ou pas grand-chose. Il est tout juste un avatar, victime de ce qui semble être une injustice, un complot qui mérite bien trois minutes de règlement de comptes en bonne et due forme. Old Boy a laissé une empreinte indélébile dans le cinéma, en partie pour cette séquence qui fait encore l’objet de multiples fascinations. En 2015, c’est la première saison de Daredevil qui rend hommage au film de Park Chan-Wook dans un plan séquence qui reprend tous les ingrédients de son aîné. De la colorimétrie à l’épuisement physique du héros, tout rappelle ce moment de bravoure de Dae-Su qui, le temps de quelques minutes, a prouvé à tous que la persévérance est la mère de l’apprentissage.
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Nous nous sommes replongés dans les prémices du script de Se7en aux côtés de son scénariste Andrew Kevin Walker, qui a spécialement exhumé de ses propres archives de multiples notes et recherches manuscrites sur les premières versions du script de Se7en. Au fil des +125 pages du dossier, on revient aussi sur le découpage ciselé du film avec Richard Francis-Bruce (Monteur), on décortique le processus et l’impact universel de l’introduction du film avec Kyle Cooper (Title Designer), le bruit de la pluie et la science du sound-design aux côtés de Kim B. Christensen (Sound Effect Editor), sans oublier les décors sordides et effets spéciaux macabres avec Barry Chusid (Assistant Art Director) & Margaret Beserra (Équipe des Effets Spéciaux).
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